“fleurs évanescentes”

la danse des fleurs du rêve et de l’oubli

Papaver somniferum L.

Bien connue par des nombreuses civilisations anciennes, la fleur du pavot s’associait dans la mythologie grecque à Déméter, déesse de la fertilité et de l’agriculture.

En complément de ses propriétés ornementales, médicinales et culinaires, une espèce particulière: le Papaver Somniferum L., permettait l’obtention d’une substance à effets narcotiques et psychotiques : l’opium. Selon Homère, cette substance procurait l’oubli de toute préoccupation provenant des contingences du monde matériel …

‘Fleurs évanescentes’ est une installation éphémère invitant le promeneur à s’immerger dans un espace qui célèbre la légèreté et fugacité de la fleur …

Regard porté vers l’aérien, la pièce majeure de l’installation est un rideau de grande dimension délicatement imprimé – avec plus de mille motifs peints à la main – dessinant une prairie aérienne de cœurs de pavot.

L’installation évoque l’imaginaire narcotique de la fleur de l’opium. À l’intérieur et autour de l’espace délimité par l’immense filtre textile, un micro-jardin de fleurs introduit le visiteur dans l’expérience hypnotique proposée par l’installation.

une danse de pétales

À l’abri de la ferveur de la rue, la casa Massaguer à Gérone (Espagne) accueille au-dessous de sa coupole moderniste un voile léger et translucide, de plus de cinq mètres de hauteur. Sous ce puits de lumière, un filtre éthéré en organça et tulle met en scène les qualités sensibles de la fleur de l’opium.

Réactif au mouvement de l’air, le voile vibre avec les variations de lumière et les amplifie, s’adaptant aux mouvements des visiteurs. Les plis de la matière textile font entrer en résonance un jeu d’ombres et de reflets.

De délicates tiges pileuses, la plante naturelle offre une danse de pétales au pied de l’installation; tandis que le regard et l’imaginaire du visiteur s’élèvent vers l’aérien.

L’imbrication entre la fleur naturelle et le voile, s’allège avec la hauteur, donnant à voir une gradation de densités et de tons. Son mouvement suspend le temps, la qualité de la matière textile évoque, l’imprimé du voile suggère …

Image du motif d’ensemble crée à partir d’un motif unique, qui sera postérieurement peint sur textile.

la délicatesse du geste unique

L’image subtilement imprimée sur ce grand rideau est composée à la manière d’une planche d’herbarium à partir de différentes parties de la plante. Elle représente un fragment de prairie.

L’image d’ensemble est ainsi composée de plus de 1300 micro-motifs identiques peints à la main, tous sensiblement différents grâce à la délicatesse du geste manuel et unique appliqué sur le textile.

Le grand rideau est constitué de deux voiles: un voile extérieur en organça et un deuxième voile intérieur en tulle; de 7,5m de largeur et 5m de hauteur chacun. Suspendu dans le vide par un anneau en bois de 2,5m de diamètre, le rideau apparaît flottant dans l’espace, au milieu du patio, grâce à une structure de fils de nylon.

le motif textile

Un motif unique permet de créer l’image d’ensemble par répétition.

Le motif représente les stigmates de la fleur de l’opium, éléments situés au cœur de la fleur, et chargés de protéger la capsule qui contient les grains.

le making-off

Le motif est peint à l’acrylique (sans diluer) sur un tissu en organça, préalablement tendu sur un cadre en bois. Un maillage de fils tous les 20 cm permet le repérage du motif sur le fragment de rideau à peindre.

Pour l’application de la peinture au pinceau un système de double pochoir est employé: le premier posé sous la face inférieure du tissu, et le deuxième sur la face supérieure.

l’installation sur place

Le montage de l’installation a été réalisé directement sur place. Le rideau préalablement peint à l’atelier est transporté plié jusqu’au patio.

L’assemblage et la courbure des tiges de bois a été réalisé à l’aide de vis en acier inoxydable; le rideau, agrafé directement sur le bois, et l’ensemble monté à l’aide de fils de nylon, jusqu’au premier étage; niveau depuis lequel il est suspendu grâce à des garde-corps existants.

les matériaux

‘Flors évanescentes, 2018’ © Albert Cardellà, Elena Fontal, Kihan Kim


Photographies : © Kihan Kim. Texte : Elena Fontal Aira